C’est la fin du voyage…
3 p’tit tours et puis s’en vont…
Michelle termine en beauté ses 4 dernières peintures, à l’ombre des palmiers ou sous les colonnades surchauffées de “La capitale de todos los Cubanos” et hop!, nous filons pour 2 jours à Trinidad, patrimoine de l’Humanité, à 350 km de la Havane que nous aurions dû avaler en 5 heures environ, si nous n’avions pas croisé un nid de dinosaure à 17 km de l’arrivée et en pleine cambrousse, bien sûr un vendredi soir, et bien sûr à la nuit tombante…
Pneu avant droit explosé avec jante sculptée façon art contemporain, pneu arrière droit à l’agonie… nous constatons avec une joie non dissimulée que notre roue de secours (réparée quelques jours plus tôt) est à plat…
Heureusement, nous sommes partis avec Raoul, notre interprète et ami, ainsi, Michelle peut aller chercher du secours avec lui pendant que Charles reste dans la voiture évitant ainsi de la retrouver sur cales et désossée dans la demi-heure qui suit…
Petite frayeur, quand un camion “fantôme” piloté par deux cubains genre “agricoles” (merci Audiard) en treillis militaire et en maraude surgit du néant à la nuit tombée. L’engin fait plusieurs fois demi-tour et passe devant la voiture immobilisée à vitesse réduite…
Le trafic à cette heure tardive avoisinant bien les 4 véhicules à l’heure, Charles, ayant quelques références cinématographiques, décide de rouler plein phare et en warning quitte à terminer sur les jantes jusqu’à la civilisation… qui heureusement se présente quelques minutes et 3 ou 4 km plus loin, sous la forme d’un restaurant bien éclairé en bord de mer…
A notre grande surprise et notre plus grand soulagement, le drame se dénoue aussi rapidement qu’il était advenu…
Entre temps, le camion fantôme a disparu, Michelle et Raoul sont tombés exactement sur la personne qui savait quoi faire à l’entrée de la ville et nous nous retrouvons tous les trois dans un taxi judicieusement climatisé vers notre destination finale, une excellente “casa particulare” à Trinidad puisqu’elle accepte les étrangers et les Cubains, ce qui ne coule pas de source…
Pendant ce temps, notre véhicule abandonné est pris en charge par une sorte de commando d’état qui veille au bien-être des touristes… il nous sera restitué en pleine nuit (1:30 AM) avec trois roues neuves…
Et alors là nous disons bravo… dans ces moments là, le socialisme, c’est presque beau…
Sauf qu’au réveil, tout avides de nouvelles découvertes que nous sommes, nous constatons avec une sorte de lassitude résignée (patap, patap, patap…) que nous avons un pneu à plat… ce n’est jamais que la huitième fois depuis notre arrivée…
Un astucieux Cubain, fin observateur de surcroît, puisqu’il a immédiatement identifié la cause de notre profond désarroi, nous répare jante et pneu en deux coups de cuiller à peau moyennant quelques pesos convertibles et hop! en route pour de nouvelles aventures…
Pendant 2 jours, nous sillonnons la ville et la région…
La ville historique d’abord, avec ses rues aux pavés disjoints meurtriers, ses maisons coloniales à tuiles canal qui supportent allègrement leurs deux ou trois siècles, sa Plaza Mayor avec ses palmiers, ses grilles et ses bancs en fer forgé, ses intérieurs kitsch aux couleurs pastel, turquoise, vert d’eau, rose, jaune pale… ses Musées… où l’on découvre le train de vie des anciens négriers de la canne à sucre… ventilation naturelle (et très efficace) de la maison, fosse septique, porcelaine de Limoge, cristal de Baccara, cuisines digne de Versailles…
…puis, petit tour dans le massif de l’Escambray – ultime refuge de la contre-révolution jusqu’en 1966 – où nous frôlons les 600 mètres d’altitude – 6 degrés de moins, c’est toujours bon à prendre – dans une végétation luxuriante et plus familière pour nous autres Français … il y a même des pins…
… petit tour aussi sur les magnifiques plages de la péninsule d’Ancon et sa barrière de corail, où nous cherchons vainement un peu de fraîcheur dans une eau turquoise à plus de 30°…
… petit tour enfin dans la vallée de los Ingenios où 70 moulins à sucre tournaient à plein régime il y a encore quelques décades et où des milliers d’esclaves ont fait la fortune d’une poignée de “grandes” familles…
…puis retour à la Havane sous un ciel plombé – un orage terrible pratiquement chaque jour en cette saison – pour préparer les valises… dernières emplettes, dernières ballades, déjà nostalgiques… le compte à rebours est commencé… le départ est pour demain… nous serons à Paris vendredi midi…
… et en attendant l’exposition de novembre prochain, muchas gracias por su Fidel y dad et viva el Camembert y el Pastis !
Un grand merci à Estelle et Emmanuel qui ont rapatrié les peintures à Paris, au prix d’une grosse galère avec la douane cubaine !